« L’intervention des esprits-totems en aïkidō »


Olivier au Japon – 2015.

Le summum des arts martiaux de défense
(生残り試合 : Ikinokori-Shiaï, ou : Iki-Shiaï : lutter pour la vie), l’aïki par exemple, consiste à ruiner le sein même d’une attaque. D’où la question: « Mais à l’inverse : y a-t-il donc des arts martiaux d’attaque ? ». Oui, et à différents niveaux : la chasse par exemple, la pêche, le meurtre, la colonisation, la politique … Tout autre acte prédateur ou tout acte d’appropriation, en lui-même, est, in facto, un art martial d’attaque et de violation de la vie. C’est donc ici à l’inverse l’art de « tuer pour tuer » (殺試合 : Koro-Shiaï en japonais). En ce sens et toujours par exemple « une révolution » n’est pas un art d’attaque mais un art de défense, du moins à la base.
Soit, mais : « à l’inverse » … Ce terme de: «à l’inverse », veut dire qu’un aïkidō qui serait prédateur ne serait plus de l’aïkidō dans son sens originel ? Très certainement et je le crois et je le sais, dur comme fer, et de plus en plus avec le temps de pratique qui passe : l’aïkidō est par essence : douceur, malgré ce qui est couramment pratiqué et pensé (lire ou relire mon article précédent). D’autant que l’aïkidō va plus loin que cela, ou devrait aller plus loin sur cette lancée : l’aïkidō, de ce postulat de « l’attaque dans l’attaque » et de la douceur, passe en effet vers un « avant l’attaque » qui confond ses possibilités même de mise en place par l’attaquant, ceci afin de déstructurer l’agression, la combattre, « l’effondrer », ou la déstabiliser (崩し : Kuzushi).
Et curieusement l’aïkidō juste actionne cette intervention de « l’avant » presque avec ludisme et légèreté, sans menace en retour pour un « après », ni même aucune idée de plus-value ou d’intérêt ou même de pardon (ce qui, horreur pour nos contemporains, éloigne aussi l’aïkidō de toute idée de sectarisme paternaliste, ou même de… dissuasion!).
« Avant », « pendant » et « après », sont donc des notions très importantes en aïkidō puisque les trois notions sont « travaillées » de concert au sein d’un mouvement. On retrouve là d’ailleurs l’importance du passé qui construit le présent, qui lui-même élabore notre futur. Ce qui signifie que, comme notre passé est constitutif finalement de notre futur, le passé d’un mouvement d’aïkidō est constitutif de son (notre) futur également. D’où l’extrême gravité et l’incroyable portée du début d’un mouvement par rapport à sa finalité qui est, elle, de beaucoup moindre importance (tant qu’on reste évidemment dans une situation de risque « renversé » : quand on prend en acte le risque de l’attaquant pour retourner ce risque contre ou plutôt en lui-même, s’en détachant donc (et autrefois après un «Kime», 極 : la décision conclusive de contrôle). Car celui qui parvient à changer sa vision du passé, ou de son propre passé, ou du passé de certains évènements qui l’affectent, devient maître de l’engendrement de son avenir.
De même et à l’inverse : si vous êtes prisonnier de votre passé (votre imaginaire affectif d’enfance par exemple, ou vos 



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