Nous en arrivons – enfin – à la troisième partie de notre recherche sur l’arrière fond historique de l’aïkido.
Pour expliquer les circonstances dans lesquelles Morihei Ueshiba établit son école, il nous a fallu, sinon remonter, comme l’Intimé des Plaideurs de Racine, « avant la naissance du monde et sa création», du moins faire un « grand détour » pour en saisir les racines idéologiques et politiques. En effet, un personnage, Toyama Mitsuru, avec les réseaux et organisations qu’il avait animés, nous est apparu comme central dans la formation de ce fond. Pour expliquer qui il avait été et ce qu’il avait représenté nous avons dû remonter à la fin de l’ère Tokugawa.
Dans un premier temps, nous avons vu comment la déliquescence du Shogunat avait produit une couche d’aventuriers déclassés, appartenant le plus souvent aux plus basses couches de la caste samouraï ou même issus de franges des castes paysannes, artisanales et paysannes aspirant à la noblesse, les « shishis », qui au nom du slogan « vénérer l’empereur, chasser les étrangers » firent de l’assassinat politique leur occupation principale. Nous avons aussi dû jeter un coup d’œil sur l’origine des idées qui servaient de justification à leurs actes.
Puis nous avons retracé la véritable histoire de Saïgo Takamori, un des acteurs clé de la restauration Meiji et figure de proue de la révolte des samouraïs de Satusuma en 1877.
Après ces hors d’œuvre et cette entrée, nous sommes maintenant à même d’entamer notre plat principal : Toyama Mitsuru, les organisations qu’il a créées, suscitées ou influencées, les réseaux qu’il a tissés, les hommes qu’il a formés et les arts martiaux qu’il a encouragés et soutenus.
Comme on ne prête qu’au riche, on a attribué à ce personnage une influence décisive sur la politique du Japon de la guerre de Sino-Japonaise (1894-95) jusqu’à la défaite du Japon par les Alliés. …