Katsuaki Asaie Senseï

50 ans de l'Aïkido


Maître Asai vole - dans le Bushido-Dojo à Cologne.

Ceux et celles présents à l’époque de la formation de la boule de neige dans leurs mains devraient être questionné(e)s aujourd’hui sur ce qu’ils savent encore du chemin qu’ils ont suivi, comment ils l’ont suivi – par contre, ce qui est sûr est que le personnage principal, Katsuaki Asai ne se fatiguait pas d’alimenter la boule de neige qui ne cessait de prendre de l’envergure.
Il y 50 ans Kisshomaru Ueshiba – fils de Morihei Ueshiba Osensei – « envoya » le jeune homme Katsuaki Asai alors âgé de 23 ans en Allemagne. L’Aïkikaï avait reçu une demande de formation d’Allemagne et Monsieur Asai, très excité du fait de son jeune âge à l’idée de s’y rendre, donna son accord pour voyager durant trois ans dans un pays inconnu et aussi lointain. Son voyage le mena par Valdivostok jusqu’en Allemagne, plus précisément à Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Là débuta le premier entrainement, le jour même de son arrivée, dans l’association sportive de la police de Münster … [à Münster se trouve l’Ecole de Police allemande, compétente pour la formation initiale et continue des hauts fonctionnaires de police, du pays [Bund, ndlr] et des Länder – la formation se termine par un grade de Maîtrise]. Münster est une ville autonome [Mönster dans la langue locale, en latin elle se nomme Münster Monasterium].
A cette époque, dans le dojo des locaux de police, une boule de neige fut en effet formée rapidement et en entraina plus d’un sur son passage. Plus tard fut fondé l’ Aïkikaï de Münster indépendant, en parallèle du groupe formé dans le dojo des locaux de la police. La boule de neige se mit en mouvement, et roule encore de nos jours pour perpétuer son « effet boule de neige ». En 1972, Me Asai ouvrit à Düsseldorf son propre dojo, qui déménagea en 1985 dans la rue Augusta (Augustastrasse).

Du 3 au 6 avril 2015 Maitre Asai, comme le nomment ses élèves, célébra le 50ème anniversaire de son arrivée à Münster … Il ne vint pas seul, pour l’occasion il convia plusieurs « collègues » à se joindre à lui : Me Tada (9ème dan), Kobayashi (8ème dan comme Me Asai). Les Me Nishida, Hatayama et Miyamoto, tous les trois 7ème dan.
Comme Me Tada avait d’autres obligations, il anima le cours du vendredi et fut amené à l’aéroport tout de suite après. Mais dès le vendredi, cette rencontre s’annonçait déjà « nocturne ».
Surpris, j’appris qu’un cours allait être animé par Nishida Makoto Sensei, vivant au Brésil et qui a son dojo à Sao Paulo. Les techniques montrées, plus précisément le déroulé des techniques, fut expliqué précisément, ce qui était intéressant dans la mesure où son aikido est plus « profond » que le côté uniquement technique. Il essaya de transmettre ce travail avec les muscles du dos, la musculature des épaules – sans pour autant investir excessivement les bras – et tout ceci avec beaucoup d’humour. Je crois avoir observé que Me Asai regardait attentivement ce que Me Nishida « faisait donc là ».
L’entrainement du samedi de Me Hatayama s’apparentait à un pot pourri à grande allure. Sûrement plus adapté à nos articulations quand nous avions 20 ans. Me Hatayama compte encore des amis en Allemagne et ce depuis les années 70 où il vécut en tant qu’uchi deshi dans le dojo de Me Asai, situé à l’époque dans la Helmholtzstraße à Düsseldorf – et ils continuent d’apprécier ses cours.
Tranquille, adapté à son âge, Me Kobayashi Yasuo anima son cours – ses blagues, par contre, il ne les cacha pas. Ainsi, il amena la salle entière à rire aux éclats. Il montra un aïkido posé, qui s’avéra par ailleurs redoutable, malgré ses 79 ans.

Le cours du samedi fut animé par Miyamoto Tsuruzo. Son enseignement me paraissait trop purement technique lorsque j’ai eu l’occasion de suivre ses cours il y a maintenant plusieurs décennies, dans le sud de la France. Cela a changé, j’ai envie de dire que son aïkido a mûri, et possède maintenant une note très dynamique. Ses atemis puissants – presque des coups réels, même si accompagnés de son sourire – me paraissent superflus. Mais en fin de compte, chacun pratique bien sûr « son aïkido ».

Après ce cours, les tatamis furent rapidement déplacés afin de laisser place aux temps de démonstrations. Les élèves de Me Asai formèrent deux groupes et montrèrent tous la plus grande palette possible de l’aïkido. Les démonstrations des différents maitres présents furent très appréciées, et surtout Me Hatayama fut très acclamé par ses amis. Convaincant comme lors de son cours, Me Nishida me surprit tout autant. Son travail tranquille fut seulement dépassé par la présence et la démonstration de Me Asai, plus détendu d’années en années.

Le lundi, Me Asai dirigea le cours à 10h. J’entendis au début quelques critiques « cela pourrait changer un peu » - « pourquoi ne montre-t-il pas autre chose ? » … Mais après deux heures et demie de travail, Me Asai ne pouvait plus arrêter le train en marche tellement il était acclamé. Un peu embarrassé, il se leva encore une fois et continua.

L’organisation de tout l’évènement fut louée par Me Asai qui en remercia les responsables. En effet à plusieurs reprises, il avait émis la crainte que les personnes ici à Münster ne fussent pas compétentes pour organiser une célébration de cette envergure. Ses doutes l’ont lui-même irrité à plusieurs reprises, avoua-t-il. Tout cela rendit son « Merci ! » encore plus chaleureux.
L’évènement fut une réussite et se déroula sans à-coups, malgré les 700 participants, dont des étrangers comme Philippe Gouttard (élève de Me Asai pendant des années), Takeharu et Odile Noro. Dans le numéro prochain d’Aikido Journal, vous pourrez lire l’entretien que nous avons eu avec Me Asai.

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