Le Shoshin d’un adepte


pendant notre entrevue …

Brahim Si Guesmi est l’un de mes amis les plus chers. La seule personne que j’appelle Aniki, grand-frère. Pris par notre passion, l’Aïkido, notre travail, l’Aïkido, nos familles et les multiples occupations du quotidien, nous avons peu l’occasion de nous voir durant la saison. Mais nous nous retrouvons chaque année durant une semaine pour un stage à Valencia en Espagne.

Partager le tatami avec un autre enseignant
Donner véritablement un stage en commun avec une autre personne n’est pas chose aisée. S’il ne s’agit que de précéder ou succéder à un autre enseignant, de n’arriver que pour son cours puis de repartir après l’avoir terminé, c’est une chose. Mais suivre le cours d’un autre expert et essayer d’enseigner dans sa continuité en poursuivant sur des principes, des techniques qu’il vient d’aborder, est autre chose. Sans compter qu’il y a aussi la gestion des egos de chacun, et enfin l’alchimie qui ne se commande pas.

Partager le tatami avec Brahim est un plaisir. Parce qu’il a un Aïkido du plus haut niveau, parce que sa direction de recherche m’intéresse et a de nombreux points communs avec la mienne, parce qu’il sait partager brillamment en instaurant une bonne humeur communicative tout en restant sérieux, mais surtout parce qu’il sait faire preuve d’un véritable shoshin.

Cela fait maintenant plusieurs années que Brahim et moi donnons des stages en commun. Il a la gentillesse de me dire que cela nourrit sa réflexion, et le voir est toujours une inspiration pour moi. Lorsqu’il enseigne j’essaye toujours de vider ma tasse, imiter ce qu’il fait et saisir le sens de son travail. De son côté il fait toujours de même avec la plus grande humilité, n’hésitant pas à me demander de lui faire sentir ma façon de faire, de recevoir sa technique pour voir s’il la réalise selon les critères que je souhaite, ni à me poser des questions pour être sûr d’avoir bien saisi ce que je souhaite transmettre. C’est là bien plus que ce que l’on peut généralement attendre dans cette situation. Mais cela va bien plus loin.

La colère de Tamura senseï
Lorsque j’enseigne j’observe les élèves. Dès que je les aperçois. Dans la rue, le vestiaire, sur le tatami avant le début du cours, etc. Je regarde aussi bien évidemment la façon dont ils font les exercices de début de cours, de respiration, d’étirements et prise de conscience du corps.
Maître Tamura durant ses dernières années avait une routine dans laquelle il incluait ses versions de la « petite circulation », des « huit pièces de brocart », et quelques ukémis. Lors d’un cours destiné aux hauts-gradés, après ce début habituel l’un d’entre eux lui posa une question technique. Tamura senseï s’emporta car il avait remarqué que la majorité des « experts » présents étaient incapables d’imiter correctement les exercices qu’il montrait pourtant cours après cours ! Il dit alors qu’il était inutile d’aborder des détails techniques si l’on ne pouvait pas suivre des mouvements simples maintes fois répétés.
Il est vrai que j’avais souvent vus des « gradés » et des « proches » présenter de nombreuses « variations » durant les exercices et cela m’avait successivement excédé puis fait rire, avant de finalement me laisser indifférent. Après tout, chacun suit son chemin et est responsable de sa progression.

Le shoshin de Brahim
Lors de notre dernier stage, je regardais donc comme à mon habitude les élèves lors des étirements. Certains faisaient la même chose, d’autres, consciemment ou pas, apportaient des variations à des degrés divers. Dans l’inclinaison du torse, la position des mains, des bras…



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