Takeji Tomita Senseï, 2 partie dans N° 33FR

Les mouvements en spirale, canaliser son énergie…


Takeji Tomita Senseï pendant le cours - 2009.

Après quarante ans de pratique et de recherche vous avez créé l’Aïki Shin Myo Den. Pourquoi ? Quelle en est sa définition ?

Après tant d’années de pratique et de recherche, j’ai affiné mon travail sur la combinaison des mouvements du corps et de la respiration, au travers de tout ce travail, j’ai perçut quelque chose de « mystique » ou plus précisément de « mystérieux ».
Je m’explique. Je possède aujourd’hui un capacité de concentration et une maîtrise de mes respirations plus profonde, une conscience de ma pratique et de mes mouvements plus marquée, avec une sûreté plus affirmée, je suis bien plus sûr de moi et de mon travail, donc plus a même de le transmettre. J’ai trouvé comment, en conciliant tanden et respiration, on pouvait améliorer son état de santé, développer une forte personnalité et se sentir plus fort psychiquement.

D’où l’idée de créer l’Aïki Shin Myo Den, avec ce principe qu’il y aura toujours une part de mystère dans le travail et la transmission (Shin Myo : idée de mystère et de méthode) mais que transmettre aux autres dans une logique de vérité et de clarté est essentiel pour perpétuer l’aïkido (Den : idée de continuation, de prolongement, passer à la génération suivante, transmission).

Pour moi créer cela, c’est donner une continuation pour les générations futures. Je ne l’ai pas créée pour dire que je n’appartiens pas aux autres organisations, mais pour des raisons bien plus profondes.

C’est un message pour mes élèves les plus anciens ; si je disparais, je leur lègue ainsi les bases d’un travail qui même si il prend diverses variations, garde les mêmes principes.

Si vous regardez le travail enseigné par mes plus proches élèves dans leurs dojos, vous y trouverez une cohérence, un même sens martial, une même rigueur de travail et de précision dans le geste et les mouvements ; cohérence que je ne suis pas certains de pouvoir retrouver dans les dojos d’autres écoles.

Que retrouve-t-on dans les diverses écoles d’aïkido aujourd’hui ? La martialité ? L’esprit des Samouraïs ? L’harmonie ? Une méthode de santé ? Une chorégraphie de mouvements ?....
L’essentiel est souvent perdu ou habillé de grands discours qui ne se retrouvent plus dans la pratique… Beaucoup ont perdu l’essence même de l’aïkido, ne savent plus ce qu’est le timing, d’où viennent les principes, etc.

O Sensei disait, « si tout le monde pratique mon aïkido, tout ira bien, tout le monde sera en bonne santé, il n’y aura plus de confusion ni de guerre » ! Mais en réalité la pratique de l’aïkido est plus concrète, c’est un effort de tous les jours, travailler et retravailler sa centralisation, les mouvements en spirale, canaliser son énergie, le respect, … La philosophie et tout ce que l’on peut lire dans les livres ou sur Internet ne vient qu’en dernier !

J’ai un caractère « spécial », j’ai toujours été seul, j’ai du mal à communiquer, à être un être social ; je m’entraine seul, mais c’est un travail de tous les jours, de toutes les heures, à la foi intellectuel et physique. Le développement de mon aïkido passe par là.

Je prends souvent l’image de la création en cuisine… Il s’agit de faire une recette, d’ajuster les goûts, de tester des nouveautés ! Attention, ce n’est pas lire un livre de cuisine et recopier ! Dans la cuisine, le feu est la base, sans lui rien ne se fait, les recettes des livres proposent des structures, les épices et les ingrédients ne sont rien sans cette inspiration créatrice !

Mes élèves sont aussi une source de recherche et de développement, tant sur le travail lors des cours, qu’au travers des échanges et discussions que nous pouvons avoir. Tout ce que je peux observer « hors aïki » est une mine d’informations. L’ouverture d’esprit, la curiosité et le transfert de connaissances entre les diverses sciences permettent de développer mon aïkido.

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