Marcella Paviot

… nous parle du travail aux armes après le stage de bokken qu’elle a dirigé à Aurillac.


Marcella dans un stage à Brignoud - Froges

Martine Chéradame pour l'AJ : une question, d’abord : tu disais tout à l’heure que c’était le troisième stage… moi j’étais allée au premier – celui qui était réservé aux femmes – le deuxième a eu lieu quand ?

Marie-Agnès Zellner (MAZ) : c’était en février 2012…

Marcella Paviot (MP) : … et maintenant c’est le troisième.

AJ : et il y en aura d’autres ?

MP : sans doute, il n’y a aucun problème. La collaboration peut toujours fonctionner, je suis ouverte à toute possibilité, proposition. Après, cela dépendra des calendriers, des envies.

AJ : et pour toi, Marie-Agnès, l’intérêt d’organiser des stages avec Marcella Paviot sensei, par rapport à des stages avec d’autres personnes… est-ce que c’est spécifique ?

MAZ : comme je l’expliquais une fois à un sensei qui me posait la question « pourquoi un stage spécifiquement féminin ? », c’était déjà pour faire perdurer et entretenir le lien avec Paviot Kyoshi, puisque c’est elle qui m’a fait passer mes premiers grades, et puis parce que dans notre école, des femmes qui pratiquent à ce niveau-là et qui peuvent enseigner à des femmes, quand on arrive à un certain niveau – c’est ce que demande Sensei, aussi, [ndlr : maître André Cognard], il m’a dit : pour passer yondan, va travailler avec des femmes – dans notre école, je n’en connais que deux, et j’ai la chance d’en avoir une près de chez moi, c’est Paviot Kyoshi. Donc je ne peux que la solliciter, dans les EFE, dans les EFESup, et l’inviter le plus que je peux pour profiter de son enseignement, de sa richesse, de sa finesse de travail, de la finesse de ses explications, de la compréhension de son aïkido. C’est donc pour cela que je l’invite, et en fait c’est très égoïste, finalement, puisque c’est pour moi (rire), pour pouvoir en profiter au maximum. Elle me fait grandir, elle m’a fait grandir depuis mes premiers pas dans l’aïkido, et j’espère qu’elle me fera grandir longtemps encore dans cette pratique, sur le tatami.

Et c’est aussi une façon de faire partager aux autres. J’ai ce lien avec Paviot Kyoshi, et il ne faut pas que cela reste quelque chose de privé, un lien exclusif. Il faut que les gens puissent aussi en profiter, et si certains ont la chance de la voir en EFESup, ou dans ses clubs, on ne peut pas tous en bénéficier, et le fait de l’avoir pour nous sur un week-end permet à d’autres personnes qui auraient envie de travailler avec elle de pouvoir profiter de ce riche enseignement.

AJ : c’était le cas, apparemment…

MAZ : nous étions vingt-cinq personnes…

AJ : venues d’un peu partout, ou surtout de la région, voire du dojo où nous étions reçus ?

MAZ : il y avait des pratiquants de mon dojo, de l’Académie d’aïkido d’Aurillac ; il y avait des gens du club de Paviot Kyoshi, d’Echalas, des gens de Paris, de Bretagne, de la Côte-Saint-André, à côté de Grenoble, une personne qui est venue de Barcelone, et une autre de Rouen.

AJ : est-ce qu’il s’agissait d’habitués ? Qu’est-ce qui fait que des gens viennent d’un peu tous les coins de France pour ce week-end ?

MAZ : pour les gens qui étaient présents sur ce week-end, on ne peut pas dire qu’il s’agisse « d’habitués ». Ce sont des personnes qu’on n’a pas vues sur le stage de 2012, ni forcément sur le stage de 2010. C’est une nouvelle « tranche » d’élèves, qui sont en EFE, en EFESup, qui font des prépas, donc qui ont commencé à travailler en région, puis qui sont venus à Bourg-Argental, et qui maintenant commencent à se déplacer sur des propositions de stage comme celui-ci.

AJ : des pratiquants que vous connaissiez déjà, pour beaucoup ?

MP : oui, je connaissais la plupart, parce que ce sont des gens qui participent à d’autres stages, des stages dans lesquels je suis moi aussi élève, et pas seulement enseignante, les fameuses EFESup ou EFE, ces stages de formation à l’enseignement dans lesquels on a donc l’occasion de se voir, de se côtoyer, de se connaître… Peut-être pas forcément de travailler ensemble, parce que ce sont des stages dans lesquels il y a énormément de gens qui participent, et donc ce n’est pas facile de travailler avec tout le monde.

Qu’est-ce qu’ils viennent chercher avec moi, spécifiquement ? Je ne sais pas, il faudrait leur poser la question à eux. Moi je ne donne pas un cours en me disant « je vais avoir tel ou tel public ». J’arrive, je ne sais pas qui il y aura, combien de personnes, de quel niveau… J’arrive, je fais le mokuso, j’essaye de me mettre en contact énergétiquement, psychologiquement, physiquement, avec ces personnes, de créer un lien. En japonais, cela s’appelle le ki no musubi, ce lien qui fait qu’une harmonie se crée, que l’on perçoit une demande. Et l’on essaye, en tout cas moi j’essaye de répondre à cette demande, de la façon la plus sérieuse, la plus honnête possible, avec franchise, en admettant mes limites, en les faisant voir, en les mettant aussi en évidence : voilà, là je me suis trompée, ce n’est pas comme ça… Et en essayant d’expliquer que le travail, c’est un travail qui se fait sur soi, que c’est une recherche, un travail de compréhension, de réflexion, un travail physique, un vécu, et un travail relationnel…

justement, pour revenir sur ce qui a été fait pendant le stage, nous, nous avons eu l’impression de quelque chose d’hyper structuré, préparé, avec une progression magnifiquement orchestrée (rire) ! Je ne sais pas ce que tu en penses, Marie-Agnès, mais moi, c’est l’impression que j’ai eue, celle d’une montée en puissance pendant tout le week-end. Nous avons commencé – du début à la fin, c’était des fondamentaux – mais ce n’étaient pas les mêmes hier en début d’après-midi, et aujourd’hui, à la fin de la matinée. Alors, concrètement, qu’est-ce qui a été travaillé, depuis hier ?

MP : concrètement, qu’est-ce que j’ai voulu donner ?

voilà !

MP : j’ai voulu donner le plaisir de la pratique, le plaisir d’être avec des gens, d’échanger avec ces gens, et d’échanger d’une façon réelle. Souvent, on pratique, on croit faire quelque chose, et le geste traduit l’image que l’on se donne, et il ne traduit pas la réalité. Une frappe doit arriver dans le centre, au-dessus de la tête, sur le partenaire; pas à côté de lui, pas devant lui, pas dix centimètres ou vingt centimètres au-dessus de lui.
La frappe, c’est une projection d’énergie, et cette projection d’énergie doit toucher le partenaire. Cela ne veut pas dire que je vais frapper le partenaire, mais je dois le toucher. Et le toucher, ce n’est pas forcément avec son arme, mais si l’arme est positionnée justement, et si l’énergie et la volonté …


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