Bernard Palmier premier partie octobre 2008 à Paris.

J’ai commencé l’aïkido à l’âge de 12 ans avec le père d’un copain…


Entretien avec Bernad Palmier octobre 2008 à Paris.

Pour quelle raison avez vous commencé l’aïkido ?

J’ai commencé l’aïkido à l’âge de 12 ans avec le père d’un copain, Guy Lorenzi, qui au départ était prof de judo. A l’époque l’Aïkido n’était pas connu; Guy Lorenzi avait fait des stages avec Tadashi Abe, et comme c’était un passionné d’arts martiaux, il a enseigné l’aïkido. C’est comme ça que j’ai commencé, par hasard et par amusement. J’avais 12 ans, c’était en 1962.
Guy Lorenzi est aujourd’hui 6e dan, il a 80 ans et il enseigne toujours. Il donne des cours d’Aïki à Polytechnique. Même si je suis allé voir ailleurs par la suite, je lui dois beaucoup, car c’est lui qui m’a fait connaître l’aïkido. Nous sommes très liés.
Ensuite à 16-17 ans, à l’occasion d’une démonstration j’ai rencontré des élèves de Noro Sensei, et cela m’a amené à travailler avec lui pendant 7-8 ans. J’ai passé mon 1er dan. A l’époque on passait un 1er dan fédéral devant Tamura Sensei, et après il fallait passer un 1er dan Aïkikai, aussi devant Tamura Sensei. J’ai donc passé deux 1er dan, deux 2e dan. Et puis Christian Tissier est rentré du Japon…

Vous le connaissiez déjà ?

Oui, je le connaissais de renom, et je l’avais vu quelquefois avant, mais très peu. Je l’ai surtout connu quand il est rentré du Japon. Il a été mon professeur pendant un an et demi, deux ans et je lui dois beaucoup.
Et après, en 1977, je suis parti au Japon, comme professeur de français.

Vous êtes allé au Japon pour enseigner le français ?

C’était mon métier, mais très franchement c’était surtout un prétexte pour aller au Japon et pouvoir y faire de l’aïkido. J’étais parti pour rester six mois, mais finalement je suis resté plusieurs années…
J’ai eu du mal à rentrer, j’étais bien au Japon, vraiment très bien.

Ce n’est pas comme Toshiro Suga…

Toshiro, nous co-animons encore des stages interfédéraux ensemble; je l’ai bien connu dans les années 72-73, quand il est arrivé du Japon. A l’époque, je travaillais aussi avec Tamura Sensei qui a été un de mes enseignants: Noro Sensei, Tamura Sensei, leurs élèves, j’étais dans ce milieu-là avant le retour de Christian Tissier. Christian est rentré du Japon avec Maître Yamaguchi. Cette rencontre a été pour moi une révélation, et c’est ce qui a précipité mon départ au Japon. Le retour de Christian m’a vraiment donné envie de partir à mon tour et d’étudier avec Me Yamaguchi.
Au Japon, j’ai suivi l’enseignement de Kishomaru Ueshiba. J’allais à tous les cours, cinq heures par jour. Comme je travaillais de 10 à 13 heures à l’Université, je pouvais faire beaucoup d’Aïkido. Mais c’est Me Yamaguchi que j’ai suivi le plus, j’allais à ses cours à l’Aikikaï, mais aussi à ses cours privés en dehors de l’Aikikaï.

Est-ce que vous êtes retourné au Japon depuis ?

J’essaie de retourner au Japon assez régulièrement. Je n’y suis pas allé cette année à cause de problèmes physiques. Mais j’essaie d’y aller au moins tous les 2 ans. C’est avec beaucoup de plaisir que je retourne à l’Aïkikai comme élève. Il y a beaucoup de Sensei avec qui j’ai travaillé, qui maintenant malheureusement sont décédés : Me Yamaguchi, le Doshu bien sûr, mais aussi Arikawa, Ichihashi, Osawa Sensei – le père – qui était quelqu’un de réellement prodigieux.
Mais il y a toujours la même ambiance, le cours du matin qui a été repris par le Doshu actuel, Moriteru Ueshiba Sensei, avec qui je m’entraînais à l’époque ; c’était Waka Sensei, mais on pouvait travailler avec lui – je travaillais assez régulièrement avec lui – on a le même âge, en fait je suis un peu plus vieux : Doshu a l’âge de Christian Tissier, et Christian Tissier doit avoir un an et demi de moins que moi.
Donc j’ai toujours beaucoup de plaisir à retourner à l’Aïkikai, à revenir aux sources, à mettre mon keiko gi, mon hakama et à aller travailler comme élève. J’espère y retourner l’année prochaine. Dès que j’irai mieux, je vais y retourner. J’aime bien le Japon, j’aime bien Tokyo qui, pour moi, est une ville fabuleuse.

Mais Tokyo, c’est pire que Paris !

Il y a beaucoup de monde, c’est vrai. Mais on y vit bien. C’est une ville étonnante. C’est une ville à la fois effrayante, mais aussi fascinante : quand on sort des grands centres, de Shinjuku, de Shibuya, et que l’on rentre dans les petits quartiers avec leurs ruelles, c’est fabuleux.
Quand j’étais à Tokyo, souvent le dimanche après-midi je choisissais un endroit, j’y allais et je faisais exprès de me perdre. C’est une ville où il est plaisant de se perdre, tellement c’est grand et pittoresque.

Après votre retour du Japon, vous vous êtes installé à Paris ?

Je suis rentré à Paris.

Et vous avez ouvert un dojo ?

En fait, le retour a été assez difficile. Je n’avais pas envie de rentrer, mais je savais que si je restais plus longtemps, ça pouvait durer. J’avais un travail là-bas, donc…
J’ai eu du mal à rentrer, mais mon père était malade ; la gauche, Mitterrand, venait de passer en France, c’était intéressant de voir comment cela allait se passer ; et Christian Tissier me disait de rentrer, que l’on avait besoin de cadres pour l’aïkido français. Et je suis rentré.

C’est aussi le temps de la scission…

Quand je suis rentré, on était encore avec Tamura Sensei et c’est à ce moment-là qu’il y a eu cette séparation entre un groupe autour de Maître Tamura, qui est sorti de la fédération de judo pour constituer la FFAB et nous qui sommes restés pour créer ensuite la FFAAA.

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