Yoshinori Kono Senseï

Une des caractéristiques de la culture japonaise est la capacité à avoir plusieurs utilisations d’une même chose.


… pendant le cour à Herbley/Paris - 2013. © Aikidojournal

Pourquoi avez-vous débuté la pratique martiale ?

Au départ j’ai commencé par la pratique de l’Aïkido. C’était il y a un peu plus de quarante ans, en l’an 46 de l’ère Showa (1971). J’avais 22 ans.
Pour faire simple, je voulais savoir ce que cela signifiait de vivre “naturellement”, ce que voulait dire “être humain”. Et je voulais étudier cela en prenant le corps comme support.

(Note du traducteur : - Showa : 1926-89. Elle correspond au règne de l’empereur Showa (Hirohito).)

Quels maîtres suiviez-vous ?

Au début j’allais à tous les cours du Hombu, mais très rapidement j’ai suivi principalement Yamaguchi senseï. A cette époque il y avait parmi les élèves des gens comme Tissier senseï ou le Doshu actuel.

(N.d.t. :
- Hombu (本部) : “Quartier général”. Désigne le dojo central de l’Aïkikaï.
-Yamaguchi Seïgo: (1924 - 96) Enseignant d’Aïkido. Extrêmement charismatique, Yamaguchi senseï a eu une influence considérable sur les élèves du Hombu dojo, et notamment ses shihans actuels.
- Christian Tissier : (né en 1951) Enseignant d’Aïkido. Probablement à la tête du plus grand courant d’Aïkido international. Influence majeure sur le développement de l’Aïkido en France.
- Doshu (道主) : Littéralement “maître de la voie”. L’actuel Doshu, Ueshiba Moriteru (né en 1951), est le petit-fils du fondateur, Ueshiba Moriheï).

Vous avez par la suite débuté l’étude des koryu ?
Oui. En l’an 50 de l’ère Showa (1975), j’ai débuté l’étude du Kashima Shin ryu. Il y avait un petit groupe d’élèves qui louaient un petit dojo pour pratiquer avec Yamaguchi senseï, dans lequel j’ai été accepté, et c’est simultanément que j’ai débuté la pratique du Kashima Shin ryu avec eux.
J’ai pratiqué avec le groupe de Noguchi Hiroyuki et Inaba Minoru pendant un peu plus de deux ans, puis j’ai continué seul à partir de l’automne 78. Un an plus tôt, j’avais déjà cessé de pratiquer avec Yamaguchi senseï.

(N.d.t. :
- Koryu (古流) : “Ecole ancienne”. Bien que les spécialistes puissent avoir des opinions divergentes, on s’accorde à désigner ainsi les écoles fondées avant la restauration Meïji (1868), ou l’interdiction du port du sabre (1876).
- Kashima Shin ryu (鹿島神流): “Nouvelle école divine de Kashima”. Tradition martiale vieille d’environ cinq siècles, le Kashima Shin ryu influença le travail de Yamaguchi Seïgo et ses élèves. A ne pas confondre avec le Kashima Shinto ryu
(鹿島新当流) qui influença Ueshiba Moriheï).

Pourquoi avez-vous cessé de pratiquer au Hombu dojo ?

L’efficacité martiale devrait être une conséquence d’une pratique correcte, mais je n’obtenais pas de résultats satisfaisants malgré mon investissement. Je m’entraînais beaucoup à l’époque. Rien qu’en shikko, il m’arrivait de faire trois kilomètres. On me disait à l’époque que personne ne s’entraînait plus que moi au Hombu. Mais même en m’entraînant autant, ce type de pratique me permettait-il de faire face efficacement à un judoka ?
Ueshiba senseï avait fait face à de nombreuses reprises à des pratiquants de Judo, Karaté ou Kendo. Malheureusement je ne trouvais pas cette capacité chez ses successeurs. J’ai donc décidé de continuer mes recherches seul.

(N.d.t. : - Shikko (膝行) : “Déplacement à genoux”).

En quoi consistaient vos recherches ?

Même si techniquement j’utilisais comme base les techniques de l’Aïkido, j’étudiais surtout les traces laissées par les adeptes du passé de Kenjutsu, Jujutsu, etc. En ce sens, cela allait au-delà de l’Aïkido. Je me suis par ailleurs intéressé aux arts martiaux chinois tels que le Hakkesho (Bagua) ou l’Iken d’Okosaï.
Aujourd’hui mon ami le plus proche parmi les adeptes, est d’ailleurs le meilleur pratiquant d’Iken de l’archipel.

(N.d.t. :
- Hakkesho (八卦掌) : “Paume des huit trigrammes”. Bagua zhang en chinois. L’un des trois principaux arts martiaux  de l’école Wudang avec le Taiji quan, et le Xing Yi quan.
- Iken (意拳) : “Poing de l’intention”. Yi quan en chinois. Art martial créé par Wang Xiangzhai.
- Okosaï (王芗斋) : (1885-1963) En chinois, Wang Xiangzhai. Maître de Xing Yi quan, Wang Xiangzhai développera une méthode appelée Yi quan, ou Dacheng quan. Il eut notamment pour élève japonais Sawaï Ken’ichi, fondateur du Taïkiken).
Vous pratiquez aussi le Shuriken jutsu?

Oui. A la base j’ai étudié le Negishi ryu dont j’ai obtenu le Menkyo kaïden. Mais ma façon de lancer a beaucoup évolué, notamment pour pouvoir atteindre une cible sans avoir besoin de modifier la saisie en fonction de la distance. C’est un excellent entraînement qui peut aussi être réalisé seul et qui améliore la pratique dans son ensemble.


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