Philippe Florentiau

Mais on doit avoir la même attitude, aïkido …


Philippe pendant notre entrevue …

Et après ils parlent de santé, de… mais l’aïkido, c’est un budo, normalement …
Oui, oui … c’est martial, nous sommes bien d’accord. Sauf que, à la fin de sa vie, c’est Osensei, qui a fait, qui a dit shobu aiki. Donc l’amour, etc. Mais au début, en 1925, dans l’un des premiers dojos de maitre Ueshiba, en 1935, je ne serais pas resté deux minutes ! (rire).
C’est pour cela que Shioda est parti. Quand on le voyait travailler, c’était des formes d’aikido…

… anciennes !
Anciennes !
Mais c’était aussi des périodes. Il y a eu Bruce Lee, il y a eu le sabre, l’aikido, le karaté, le « do » ou les formes anciennes… une mayonnaise. Il faut de tout.
Tout ce que je souhaite, c’est que quand on enseigne quelque chose, ce ne doit pas être seulement contre de l’argent, mais aussi pour donner quelque chose à l’autre. Il y a un échange, cela, c’est important.
Quand je donne des cours, j’essaie de ressentir l’existence d’un échange avec le partenaire, avec les partenaires ou le groupe. C’est important. Ce n’est pas « moi, je », « toi, tu payes, et c’est moi le patron ». Pour moi, ce n’est pas de l’aïkido.
J’ai connu quelques Japonais quand ils sont arrivés,  Hikisutshi, Ogura – c’était un senseï de karaté goju ryu, le senseï de Pierre Portocarrero – , ils venaient en France à deux ou trois, c’était l’hôtel Nikko, c’était tel ou tel restaurant, c’était le saké de telle ou telle marque, c’était un Leica et pas un Nikon pour prendre des photos…
Hikisutshi, c’était pareil. Un jour, un copain à moi que j’avais envoyé chez Blaize m’a dit : “ je sais que tu ne veux pas venir chez Blaize, mais il y a Hikisutshi qui vient, il cherche du monde. Ils sont arrivés à quatre, ce n’était pas prévu au budget, Gérard ne rentre pas dans les clous, il lui faut du monde…“ et c’était 200 francs les deux jours, parce que maitre Hikisutshi avait... une valeur ; cela a un coût, bien sûr. Chaque chose a un coût. Pour qu’on se voie, vous êtes venu d’Allemagne, je suis venu des Vosges, c’est un petit coût, mais cela a un coût, et on se voit. D’accord. Mais il y a des limites ; les gourous, moi je ne les supporte pas, j’ai du mal. Est-ce que ce sont des traditions japonaises ? C’est une autre culture… mais il y a aussi le droit de cuissage, et quoi encore…. Ils ne sont pas tous comme ça.
Il y a des grandes histoires – à compléter, à vérifier ! – on disait qu’un tel avait pris deux dan dans l’avion, parce qu’il partait de chez Ueshiba 3ème dan, et il arrivait 5ème dan, et vice-versa. Pendant un moment on a raconté tout et n’importe quoi là-dessus.
Moi je ne veux rien révolutionner. Je suis tout petit, j’ai une petite place et j’ai envie de faire des choses qui m’intéressent et de vivre ma vie. J’ai découvert l’aïkido, j’ai essayé d’en faire profiter les gens, et je pense que l’aïkido m’a apporté et peut encore m’apporter beaucoup.

Depuis quand vous ne voulez pas d’une fédé ?
Oh, depuis le début. C’est un blocage personnel… Je ne voyais pas à quoi cela servait, de toute façon. Et comme mon prof n’était pas à la Fédé, moi je n’y étais pas non plus. Nous étions plus japonais que les Japonais eux-mêmes, à l’époque.
J’avais envoyé un copain faire des stages et travailler avec d’autres gens à droite et à gauche. Et son professeur lui avait dit qu’il pouvait passer le 1er dan. Il disait : mais moi j’enseigne à la RZ – c’était déjà à l’époque Christian – et le responsable de l’aïkido à Paris, Gérard Gras, arrive, et dit « pas de problème» – il voyait qu’il y avait une vingtaine d’élèves, dont quatre ou cinq ceintures noires – « je donnerai une équivalence, pas de problème, etc. ». Mon copain demande comment ça se passe, et Gérard Gras répond : « vous passerez, mais vous faites votre aïkido à vous, et je m’occupe de tout pour le dossier ». Bon… c’est la seule fois où nous sommes allés à la Fédé. Nous étions six ou sept. On était par groupes avec des gens d’autres clubs. Les noms, pour nous, ce n’était pas les mêmes, c’était un peu le bordel, on essaye… et j’ai un copain qui arrive en retard. On lui demande son nom, d’où il est – de la RZ – ah, oui, vous avez votre certificat médical ? Il répond « non, il faut voir monsieur Gras ». Et Gras dit : « il n’y a pas de certificat médical ? ». Il y a eu un blanc… - tout le monde passait-  et l’annonce : « les élèves de Ritsu Zen doivent quitter immédiatement le tatami ! ». Tu étais là, en train de travailler… « il faut que je quitte, bon, je lâche tout … ». Et ensuite, Gras cherchait s’il y avait un médecin dans l’assistance, pour qu’on passe une visite. Je le regarde, et je lui dis : « non. Vous nous avez fait venir. Vous nous aviez dit que nous venions faire voir ce que nous savons faire, – ou ce que nous ne savons pas faire – c’était vous qui vous occupiez de tout. Allez vous faire f… ». J’ai dit aux autres : « on s’en va ! ». Comme par hasard, mon copain qui était à la Fédé a eu son 1er dan, parce qu’il avait déjà un certificat médical. Depuis ce temps là – ça devait être au milieu des années 80 à peu près – c’est terminé. En plus, c’est pour quoi faire, l’argent des licences ? L’argent du passeport, c’est pour quoi faire ? Ils font de l’aïkido, ils sont à la Fédé, c’est bien. Moi je ne fais pas d’aïkido, je ne suis pas à la Fédé, et voilà, ainsi va la vie, et c’est très bien comme ça.
Maintenant, si vous voulez avoir d’autres informations, vous pouvez contacter Louis Picoche, parce qu’il est à Paris et il travaille avec Haydecker.

Pourquoi faites-vous de l’aïkido ?
C’est une bonne question ! Pourquoi je fais de l’aïkido ? Pourquoi pas ?
Au début je ne savais pas pourquoi. J’avais envie de faire quelque chose… Et au fur et à mesure, cela m’a permis de me chercher, de me découvrir, de me donner plus d’assurance – parce qu’au début, j’étais : « bonjour monsieur, comment allez-vous ? Vous allez bien, oui, ça va ».
Cela m’a donné une posture, une attitude. Pas une grande gueule, parce que je l’avais …


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