Michel Bécart 2008.

…élève de Me Tamura, 6e dan, brevet d’état, 2ème degré, diplomé de l’aïkikai de Tokyo,


Michel Bécart à Embrun 2005.

Tu travailles beaucoup les armes (ken, jo), quel sens à pour toi ce travail ?

Effectivement l’étude des armes (bokken, jo) fait partie de mon entraînement et de mon enseignement. Je ne sépare pas la pratique des armes (buki waza) de celle de l’aïkido à mains nues (taï jutsu). Mais et ceci est important, l’esprit d’harmonie qui anime l’aïkido à mains nues doit être le même que celui qui anime la pratique du bokken ou du jo. Si nous nous écartons de cet ”esprit” nous ne pourrons plus appler ”aïki ken” la pratique du bokken et ”aïki jo” celle du jo puisque le terme ”aïki” exprime clairement le sens de l’harmonie.
Ceci dit, il faut reconnaître que ce n’est pas facile de pratiquer les armes en conservant cet état d’esprit puisque les mouvements du bokken rappellent ceux du katana donc les actions de couper, trancher, transpercer et le jo les mouvements de la lance. En pratiquant les armes nous pouvons donc nous rapprocher de ”la pratique guerrière” mais malgré ces gestes qui servent pour notre développement par l’entraînement nous ne devons pas nous égarer de la voie de l’aïki définie par O Senseï.
Pour moi, le travail des armes et de l’aïkido à mains nues a pour but d’unifier le pratiquant mentalement, physiquement et spirituellement.

Pour certains shihan (par exemple feu Okumura, Fujita, etc.), l’aïkido est avant tout sinon exclusivement un art martial à mains nues. Pour d’autres, aïki ken et aïki jo sont une partie intégrante de la discipline. Pour toi, en quoi le travail aux armes aide-t-il à progresser ?

C’est vrai que l’aïkido est présenté comme un art martial à mains nues cependant, nous avons tous pu voir les films sur O Senseï utilisant les armes et se servir de ces mêmes armes pour effectuer ”misogi” c’est-à-dire ”purification”.
Pour moi, la question de pratiquer ou non les armes en aïkido ne s’est jamais posée, tout simplement parce que les experts avec qui j’ai étudié que ce soit Noro senseï, Tamura senseï ou Chiba senseï nous faisaient pratiquer les armes. Pourquoi aurai-je douter de l’enseignement de ces experts qui venaient de l’aïkikaï et avaient tous été des élèves de O Senseï. Personnellement je suis reconnaissant envers ces maîtres qui m’ont montré le chemin (michi) en partant de leurs propres vécus, de leurs expériences et de leurs réflexions.
Par la suite j’ai pu voir d’autres shihan intégrer les armes dans leurs cours surtout justement ceux qui ont connu O Senseï.
Alors, armes ou pas armes en aïkido ? Chacun est libre de son choix, mais si l’on dit qu’il n’y en a pas, les examinateurs ne devront plus demander de travail aux armes lors des examens de grades.
Ce que je trouve d’intéressant et d’enrichissant dans le travail des armes, est la diversité des maniements et des déplacements, l’arme permettant d’approfondir la pratique à mains nues par les relations qui existent entre elles. Ce travail complémentaire permet de mieux maîtriser le corps et amène l’individu à une meilleure coordination et à son unification.
Maintenant, j’ajouterai que l’étude des armes demande plus de vigilance, de concentration, de présence.
Un autre point important est qu’en apprenant les différents maniements du jo et du bokken il sera plus facile de réagir à mains nues contre les attaques de jo/bokken en réalisant jo dori ou tachi dori.
Voila pourquoi, en se qui me concerne, l’étude des techniques à mains nues et aux armes forment un ensemble, ce qui fait la richesse de notre art.

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